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Rencontre authentique : Leçon d’humilité.

C’était une matinée de juin, les pierres chauffaient au soleil et l’horizon louvoyait dans une atmosphère déjà caniculaire. Pour échapper à cette chaude journée qui s’annonçait, je décidais de m’engager au fond d’une gorge où régnait ombrage et fraicheur.

Mes pas suivaient la rivière, réduite en cette saison en un timide filet d’eau se faufilant au milieu d’un champ de galets.

Bientôt, à une vingtaine de mètres devant moi, je vis un jeune homme assis sur un gros rocher. Il n’avait guère plus de 17 ou 18 ans, il était modestement vêtu d’une djellaba bleue, ses pieds étaient nus.

Arrivé près de lui, il m’interpella poliment dans un parfait français ; je lui accordais alors un peu de mon temps. Nous discutâmes de choses et d’autres, puis il me parla de sa famille et de la dureté de la vie dans la région, mais tout en insistant sur le fait qu’ici, on prend le temps de vivre !

Car son père avait été à Paris durant une année, mais il n’avait pas su s’adapter à la vie occidentale : en Europe tout va trop vite, les villes sont surpeuplées, il y a les embouteillages, le bruit, la pollution et du béton partout, et surtout il faut courir, courir, et encore courir, pas le temps de vivre ; le stress l’a gagné et il est revenu dans son village natale, dans ses montagnes.

Son père avait donc préféré la pauvreté du Maroc à la richesse de la France.

Pour conclure, après un long silence, le jeune homme me déclara :

« Moi, je suis riche, très riche ».

Je restais alors incrédule, presque amusé par cette déclaration absurde, car à le voir et à l’entendre il était manifestement très pauvre.

Puis il ajouta en ramenant ses mains vers son torse :

« Je suis riche dans mon cœur ».

Sacré bonhomme, il m’avait bien eu, grande leçon d’humilité et de simplicité pour le riche occidentale que je suis !

Frédéric Moncoqut.

 

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